L’armée israélienne demande à tous les habitants de Gaza d’évacuer vers le centre de Gaza. Cette demande survient alors que les opérations s’intensifient dans le nord. Des tracts largués par des avions instruisent « tout le monde dans la ville de Gaza » de quitter ce qui est décrit comme une « zone de combat dangereuse ». Les itinéraires sûrs désignés sont deux routes menant à des abris à Deir al-Balah et al-Zawaida. L’ONU a exprimé sa profonde inquiétude face à ces ordres d’évacuation. C’est la deuxième fois depuis le début de la guerre que la ville de Gaza est appelée à évacuer en totalité.
Intensification des opérations militaires
Au cours des deux dernières semaines, les forces israéliennes ont réinvesti plusieurs quartiers. L’armée pense que des combattants du Hamas et du Jihad islamique palestinien se sont regroupés depuis le début de l’année. Le Hamas a déclaré que l’activité renouvelée d’Israël dans la ville menace de faire dérailler les négociations sur un potentiel cessez-le-feu et la libération d’otages. Ces négociations ont repris mercredi au Qatar. Les discussions incluent les chefs des renseignements égyptiens, américains et israéliens, ainsi que le Premier ministre du Qatar.
Un haut responsable du Hamas, Hossam Badran, a déclaré à l’AFP qu’Israël « tente de faire pression sur les négociations en intensifiant les opérations de bombardement, le déplacement et en commettant des massacres ». Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé l’engagement d’Israël à parvenir à un accord tant que ses « lignes rouges » sont préservées.
« Je ne partirai pas »
On estime qu’il y a encore plus de 250 000 personnes vivant dans la ville de Gaza. Certains ont été observés évacuant vers le sud après que l’armée israélienne y a largué des tracts les exhortant à partir. Un responsable israélien a ensuite dit à la BBC que c’était une recommandation plutôt qu’une instruction. D’autres, cependant, ne sont pas prêts à partir.
« Je ne quitterai pas Gaza. Je ne ferai pas la stupide erreur que d’autres ont faite. Les missiles israéliens ne font pas de différence entre le nord et le sud », a déclaré Ibrahim al-Barbari, 47 ans, à la BBC. « Si la mort est mon destin et celui de mes enfants, nous mourrons avec honneur et dignité dans nos maisons », a-t-il ajouté.
Conditions tragiques à Gaza
Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré avoir reçu des appels de certains résidents incapables de quitter leur domicile en raison de l’intensité des bombardements. « Les informations provenant de la ville de Gaza montrent que les habitants vivent des conditions tragiques. Les forces d’occupation [israéliennes] continuent de frapper les quartiers résidentiels et de déplacer les gens de leurs maisons et de leurs refuges », a déclaré l’organisation.
Dans un communiqué publié plus tôt mercredi, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont déclaré que leurs troupes avaient « conduit une opération antiterroriste » au cours de la nuit contre des combattants du Hamas et du Jihad islamique palestinien qui opéraient à l’intérieur du siège de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) dans la ville de Gaza. Les troupes avaient ouvert un « corridor défini pour faciliter l’évacuation des civils » de la zone avant d’entrer dans la structure et « d’éliminer les terroristes dans des combats rapprochés », a-t-il ajouté.
Activités de l’Unrwa et des FDI
Il n’y a pas eu de commentaire immédiat de l’Unrwa. Les FDI ont également déclaré avoir tué des dizaines de combattants dans le district est de Shejaiya, à Gaza, et démantelé une route de tunnel souterraine au cours de la dernière journée. S’exprimant au parlement israélien mercredi, le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré que 60 % des combattants du Hamas avaient été tués ou blessés depuis le début de l’offensive israélienne. La BBC n’a pas pu vérifier indépendamment ces chiffres.
Mardi, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU a déclaré qu’il était « consterné » par les ordres des FDI demandant aux résidents d’évacuer vers « des zones où les opérations militaires israéliennes sont en cours et où des civils continuent d’être tués et blessés ». Il a également averti que la zone de Deir al-Balah était déjà gravement surpeuplée avec des Palestiniens déplacés d’autres régions de Gaza et qu’il y avait peu d’infrastructures et un accès limité à l’aide humanitaire.
L’armée israélienne a lancé une campagne à Gaza pour détruire le groupe Hamas en réponse à une attaque sans précédent dans le sud d’Israël le 7 octobre, au cours de laquelle environ 1 200 personnes ont été tuées et 251 autres prises en otage. Plus de 38 295 personnes ont été tuées à Gaza depuis lors, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas dans le territoire. Ses chiffres ne différencient pas les civils des combattants, mais il aurait identifié 14 680 enfants, femmes et personnes âgées parmi les morts à la fin du mois d’avril.
